Origine de l'ostéopathie

L’Ostéopathie est une science, une méthode


Cela se passe dans la seconde moitié du dix-neuvième, dans le Middlewest

américain. C'est l'opoque du développement pionnier et de la création

progressive des USA.

Outre les risques inhérents à la vie de pionnier, se pose le problème de la

santé. Vivant la plupart du temps isolés, les pionniers ont appris à se

débrouiller seuls pour gérer les problèmes de santé. Ils préfèrent souvent

utiliser l'un des nombreux manuels familiaux, guides simples destinés aux

pionniers isolés plutôt que de s’en remettre au rare médecin local, de payer

ses honoraires, d’ingurgiter ses drogues ou d’endurer ses traitements souvent

drastiques et particulièrement dangereux.

La médecine officielle de ce temps, au fin fond du Middlewest américain est en effet plus proche des

descriptions de Molière que de la médecine actuelle. Elle est d’ailleurs le plus souvent non seulement

inefficace, mais violente, dangereuse et carrément nuisible. Il faut un tel courage pour endurer ces

pratiques, qu'on les a appelées « médecine héroïque. »

C'est dans ce contexte qu'un jeune médecin américain,

Andrew-Taylor Still, épris d'efficacité, décide de développer son propre système qui deviendra l'ostéopathie.

Trois hommes émergent de l'histoire de l'ostéopathie Andrew-Taylor Still, son fondateur, John-Martin

Littlejohn qui la développée et propagée en Europe, et William Garner Sutherland, qui a développé

l'ostéopathie crânienne.


Andrew-Taylor Still (1828-1917), le fondateur

Still est fils d'un pasteur méthodiste. A cette époque, celle de l'Amérique des pionniers

et dans le Middlewest américain, les prêcheurs pratiquent également la médecine qui

s'apprend essentiellement par compagnonnage auprès d'un praticien.

Le jeune Andrew apprend donc en pratiquant avec son père, notamment auprès des

indiens Shawnees dont il a la charge.

Au cours de la Guerre de Sécession (1861-1865), il est marqué par son impuissance à

soulager son semblable.

A son retour, il découvre avec stupeur que dans les régions où les médecins sont moins

nombreux, il y a beaucoup moins de mortalité infantile. En 1865, il perd trois de ses enfants de méningite

 

cérébro-spinale.

Dès lors, il est obsédé par l'idée de soigner plus efficacement et se plonge dans l'étude intensive du corps

humain, n'hésitant pas à déterrer des corps des tumulus indiens pour en étudier l'anatomie. Il se promène

souvent avec un sac rempli d'os, ce qui le fait passer pour un excentrique.

En 1874, il vit une expérience déterminante, parvenant à guérir un enfant atteint de dysenterie en

n'utilisant que ses mains. Cette même année, il comprend tout à coup qu'il est sur le point d'élaborer une

 

nouvelle approche médicale respectant les lois de la nature et de la vie et qui deviendra l'ostéopathie.

« Ma science ou ma découverte naquit au Kansas

à l'issue de multiples essais, réalisés à la frontière,

alors que je combattais les idées pro-esclavagistes,

les serpents et les blaireaux puis, plus tard,

tout au long de la guerre de Sécession

et jusqu'au 22 juin 1874.

Comme l'éclat d'un soleil, une vérité frappa mon esprit :

par l'étude, la recherche et l'observation,

j'approchais graduellement une science

qui serait un grand bienfait pour le monde. »

 

(A. T. Still, Autobiographie, pp. 73-74).

Jusque 1885, il exerce son art de manière itinérante et continue d'apprendre et d'engranger des

expériences. Comme tout novateur, il rencontre de grandes difficultés et se heurte à l'ostracisme de ses

confrères médecins et du clergé. Comme il parvient à guérir de nombreuses maladies, on le considère

comme suppôt du diable. Il se forge malgré tout une renommée dépassant largement les frontières des

états limitrophes et finit par être obnubilé par l'idée de transmettre son savoir.

En 1892, il fonde le premier collège d'ostéopathie à Kirksville dans le Missouri. Ses enfants et quelques

proches sont ses premiers élèves. Entre 1892 et 1900, l'ostéopathie connaît un essor particulièrement

impressionnant.

A partir de 1898, Still, vieillissant, se retire peu à peu de l'enseignement et de la pratique ostéopathique

pour écrire afin de transmettre son message philosophique ostéopathique. Il écrit successivement :

Autobiographie (1897), Philosophie de l'ostéopathie (1898), Philosophie et principes mécaniques de

 

l'ostéopathie (1902), Ostéopathie, recherche et pratique (1910). Il meurt en 1917.

John-Martin Littlejohn (1865-1947) le continuateur

D'origine écossaise, John-Martin Littlejohn reçoit une formation universitaire dans les

domaines de la théologie, des lettres et de la médecine.

Il émigre aux USA en 1892 et y termine ses études de médecine.

Il vient consulter A. T. Still à Kirksville en 1892 pour des problèmes de santé

chroniques et il est tellement émerveillé par le concept et la technique ostéopathiques,

qu'il décide de devenir ostéopathe.Il suit la formation au collège de Kirksville, tout en

y donnant des cours de physiologie.

Passionné de science, il se heurte bientôt à Still, que les expériences douloureuses passées avec la

médecine de son temps rend très réticent à intégrer les progrès de la médecine scientifique naissante.

En 1898 il publie Lecture Notes on Physiology, en 89 Lecture Notes on Psycho-physiology. En 1900, il

quitte Kirksville pour Chicago et fonde avec ses deux frères l'American College of Osteopathy, Medicine

and Surgery. Cette même année, il publie Journal of the Science of Osteopathy, et Notes on the Principles

of Osteopathy. En 1907, il rassemble ses cours et articles dans deux livres, Principles of Osteopathy,

Theory and Practice of Osteopathy.

En 1913, il rentre en Europe et s'installe en Angleterre, projetant d'y créer une école d'ostéopathie. A cause

 

de la Première Guerre Mondiale, ce projet ne prend forme qu'en 1917, avec la création de la British School of Osteopathy (BSO). Cette école est l'origine de tout un courant ostéopathique européen.John

Littlejohn a poursuivi l'oeuvre de Still, utilisant les éléments apportés par le développement des sciences

de base de la santé et de la médecine scientifique. Il a beaucoup insisté sur la relation de l'organisme

vivant avec son milieu, affirmant que la santé est essentiellement la conséquence de l'harmonie de cette

relation.

« Le grand principe de l'ajustement s'applique

à la relation entre l'organisme en tant que tout et son environnement.

Rien de ce qui est amené au système de l'extérieur

ne peut remplacer l'autosuffisance de l'organisme

lorsque sa capacité à se rétablir, se réparer

ou à accepter l'apport de matériaux bruts est déficiente. »

(John Martin Littlejohn, Notes sur les principes de l'ostéopathie, p. 15.)

William G. Sutherland (1873-1954), le novateur

Originaire du Middlewest américain, William Sutherland ne se destine pas à la carrière

médicale. Il commence sa vie professionnelle comme apprenti dans un atelier

d'imprimerie, puis devient journaliste.

C'est en tant que tel qu'il entend parler de l'ostéopathie au cours de l'année 1897.

Les propos qu'il entend semblent tellement contradictoires qu'il décide d'aller au

collège de Kirksville pour se rendre compte par lui-même.

Il est particulièrement impressionné par ce qu'il voit – le nombre de patients venant de toute part et la

qualité des soins et des résultats obtenus, qu'il décide de devenir ostéopathe.

Il commence sa formation en 1898 et reçoit son diplôme des mains même de Still en 1900.

C'est au cours de ses études qu'il tombe en arrêt devant un spécimen de crâne semi désarticulé et qu'il est

frappé par une intuition qui le taraudera toute sa vie : les agencements anatomiques des structures

crâniennes semblent indiquer l'existence de mouvements entre-elles. Il appellera cette intuition L'idée

folle. Il mettra plus de vingt années à accepter l'idée et à se lancer dans une étude exhaustive de l'anatomie

du système osseux crânien afin de déterminer la véracité de son intuition.

 

En 1939, il publie une courte monographie The Cranial Bowl (La coupe crânienne), exposant la théorie du

possible mouvement des os du crâne. Il y développe sa vision mécaniste du crâne. Cet ouvrage n'aura

aucun succès et ne rencontrera que très peu d'intérêt chez les professionnels de son époque.

Ses recherches le conduiront à développer ce que nous appelons l'ostéopathie crânienne, qui se fonde sur

la reconnaissance de la mobilité microscopique de toute structure vivante et son application particulière au

domaine crânien. Il met l'accent sur le travail utilisant la puissance interne du système vivant plutôt que

l'application de forces externes :

« Permettre à la fonction vitale interne

de manifester sa puissance infaillible,

plutôt que d'appliquer une force

aveugle venue de l'extérieur. »

 

(W. G. Sutherland, La Coupe crânienne, 2002, p. 115.)