About

Je suis né le jour du tremblement de terre à Orléansville en Algérie, le 9 septembre 1954. Je suis un peu fracassé dès le départ ! ». Avec ces premiers mots, le ton est donné. Jovial. Hâbleur. Thierry Tricou est un amoureux de la vie. « Qu'il faut vivre en tant qu'acteur et pas spectateur » glisse t-il avec un sourire entendu.

Celui qui fut pendant 25 ans le kiné de l'équipe pro de basket d'Antibes (mais aussi un président intérimaire et démissionnaire en 2002), était la 4e génération de sa famille en Algérie.

Ses aïeux, qui venaient de Montpellier, s'y étaient installés pour tenter leur chance dans un pays neuf. « On ne faisait pas partie des brigands et prostitués qui sont partis là-bas ! » précise t-il, d'un coup très sérieux. En 1962, après la proclamation de l'indépendance, départ vers Calvi. « Mon 2e pays. J'y ai passé toute mon adolescence. Ma famille y est toujours installée »


« On ne masse pas un bout de viande ! »

 

En 1977, il dépose ses valises à Antibes. « La ville qui ressemblait le plus à Calvi, et on est seulement à 180 km de la Corse, par temps clair, j'aime voir le reflet de la cote». Le garçon diplômé en kinésithérapie (avant de l'être en ostéopathie) voulait travailler avec des sportifs. C'est dans la cité des Remparts qu'il décroche le job. Dans le monde du basket, aux côtés de Jacques Guidoni, « mon maître ».

 

« Étant sportif moi-même, c'est un milieu qui m'attirait ». A son actif : foot, judo (ceinture noire), hand, tennis... De ses années au sein de l'OAJLP, il garde dans sa tête beaucoup d'images. Celles des titres de 91 et 95, des places de deuxièmes, des matches de coupe d'Europe. Quand les semaines filaient à la vitesse de l'éclair, parsemées de déplacements.

 

 Jean-Claude Bonato, Daniel Ledent, Jacques Cachemire, Jacques Monclar, Bob Morse, Mickael Ray Richardon, David Rivers... les visages sont gravés.

Témoin privilégié de toutes ces années, le thérapeute était au coeur de l'équipe. « On partage la vie d'un homme dont une des spcificités est le haut niveau. Pour optimiser la qualité des soins, il faut prendre en compte l'homme. Il ne s'agit pas de masser un bout de viande... ». Dialogue, respect et confidences (qui resteront dans l'ombre) jalonnaient ce lien.

 

Il aura aussi l'occasion de soigner quelques stars américaines. Magic Johnson, Scottie Pippen, Charles Barkley, à l'occasion de rencontres internationales à Paris... « Les sportifs de haut niveau ne sont pas comme les autres. Les vrais champions ne perdent jamais l'envie de jouer, ils se connaissent à la perfection et ce ne sont pas des cons malgré ce que certains peuvent penser ». Sont aussi passées ou passent encore entre ses mains expertes : Jean-Pierre Papin, Roger Jouve, Bernard Hinault lors de son premier Tour de France en 1978 (qu'il remporte)...

Celui qui a toujours eu envie de soigner les gens ne « fait » pas que dans le sportif. Il y a les anonymes. Mais aussi les politiques, sans donner de noms, mais « de tous bords, je ne suis pas sectaire et de toute façon je ne suis pas friand de politique. Depuis que je suis ici, j'ai dû soigner au moins deux ou trois fois la population d'Antibes ». Pour cela, il faut avoir soi-même du muscle : « Jeune, je n'ai pas fait de musculation mais j'aidais mon père qui travaillait la terre, j'ai porté des sacs de 80 kg... ». Un « entraînement » qui développe quelques aptitudes physiques.

 

10 heures par jour au taf, que fait-il d'autres ? « Je suis un mec assez simple, j'essaye d'aller voir mes deux grands garçons (27 et 24 ans) qui n'habitent pas dans la région, je fais du bateau, de la pêche... ». Il profite aussi des week-ends pour discuter avec le père Veziano ou d'autres personnes âgées car avec leurs récits, elles « me font retrouver l'histoire de la ville ». Une ville qui l'a définitivement adopté.